7 janvier 2021
In
Article de fond
2021 : souhaitons nous de nouvelles histoires urbaines !
Après avoir marché sept jours à travers bois, celui qui va à Baucis ne réussit pas à la voir, et il est arrivé.
Des perches qui s’élèvent du sol à grande distance les unes des autres et se perdent au-dessus des nuages soutiennent la ville. On y monte par de petits escaliers. Les habitants se montrent rarement à même le sol : ils ont déjà là-haut tout le nécessaire et ils préfèrent ne pas descendre. Rien de la ville ne touche terre en dehors de ces longues pattes de phénicoptère sur lesquelles elle s’appuie et, les jours où il y a de la lumière, d’une ombre dentelée, anguleuse, qui se dessine sur le feuillage.
On fait trois hypothèses sur les habitants de Baucis : qu’ils haïssent la Terre ; qu’ils la respectent au point d’éviter tout contact avec elle ; qu’ils l’aiment telle qu’elle était avant eux, et que s’aidant de longues-vues et de télescopes pointés vers le bas, ils ne se lassent pas de la passer en revue, feuille par feuille, rocher par rocher, fourmi par fourmi, y contemplant fascinés leur propre absence.
La ville de Baucis – Les villes invisibles de Italo Calvino
Les villes et leur architecture racontent les rêves, les souvenirs, les croyances de leurs habitants.
Continuons d’écrire ensemble de nouveaux récits urbains pour donner du sens et une vision durable à nos villes.
mono • hito • koto vous souhaite une très belle année 2021 !